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avez vu la République des travailleurs installée à l’Hôtel de ville, vous n’avez jamais cessé de crier à la France : « Ce sont des criminels ! » Passé maître dans les petites roueries politiques, virtuose dans le parjure et la trahison, adepte dans tous les stratagèmes mesquins, les ruses insidieuses et les basses perfidies de la guerre parlementaire ; n’hésitant jamais, comme membre de l’opposition, à exciter une révolution et à la noyer dans le sang comme ministre ; avec les préjugés de classe au lieu d’idées, et la vanité au lieu de cœur, sa vie privée est aussi infâme que sa vie publique est odieuse. Même à présent, tout en jouant le rôle d’un Sylla français, il ne peut s’empêcher de rehausser l’abomination de ses actes par le ridicule de son ostentation.

La capitulation de Paris, qui livra à la Prusse non-seulement Paris mais toute la France, ferma la longue série de trahisons, que les usurpateurs du 4 septembre avaient, d’après Trochu lui-même, commencée dès ce jour. Elle fut aussi la cause de la guerre civile, qu’ils devaient maintenant commencer, avec l'aide de la Prusse, contre la République et Paris. Le piège était dressé dans les termes mêmes de la capitulation. À ce moment, plus du tiers de la France était au pouvoir de l’ennemi : la capitale ne pouvait plus communiquer avec les provinces, tous les moyens de transport étant désorganisés. Élire une véritable représentation de la France dans ces circonstances, c’était chose impossible, à moins de donner beaucoup de temps pour se préparer au vote : et la capitulation stipulait que l’Assemblée nationale serait élue dans les huit jours ; la conséquence en était que la nouvelle de l’élection à faire n’arriva dans bien des endroits que la veille même du jour fixé pour le scrutin. Cette Assemblée, cependant, d’après une clause de la capitulation, ne devait s’occuper que de la question de paix ou de guerre, et de la conclusion d’un traité de paix. La population sentait bien que les termes de l’armistice