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étaient. Cependant au milieu de la confusion générale, comme les véritables chefs (leaders) des ouvriers étaient toujours enfermés dans les prisons bonapartistes, et que les Prussiens s’approchaient déjà de la capitale, Paris toléra leur usurpation sous la condition expresse qu’ils s’occuperaient exclusivement de la défense nationale. Cependant, on ne pouvait défendre Paris sans armer sa classe ouvrière, sans l’organiser en une force effective et sans la transformer par l’effet même de la guerre en une véritable armée. Mais Paris en armes, c’était la révolution en armes ; la victoire de Paris sur l’agresseur prussien aurait été une victoire de l’ouvrier français sur le capitaliste français et ses parasites politiques. Dans ce conflit entre le devoir national et l’intérêt d’une classe, le gouvernement de la défense nationale n’hésita pas un instant à se faire le gouvernement de la défection nationale.

Son premier acte fut d’envoyer Thiers à toutes les cours d’Europe, pour y mendier leur médiation en offrant de troquer la république contre un roi. Quatre mois après le commencement du siège, quand ces messieurs crurent le moment opportun pour prononcer la première fois le mot de capitulation, Trochu, en présence de Jules Favre et d’autres de ses collègues, s’exprima ainsi devant les maires de Paris réunis :

« La première question que me firent mes collègues, le soir du 4 septembre, fut celle-ci : « Paris peut-il résister avec quelque chance de succès, s’il est assiégé par l’armée prussienne ? » Je n’hésitai pas à répondre négativement. Plusieurs de mes collègues ici présents peuvent garantir l’exactitude de mes paroles et la persistance de mon opinion. Je leur déclarai que ce serait une folie que d’exposer Paris à être assiégé par l’ armée prussienne. Ce serait, ajoutai-je, une folie héroïque, et voila tout… Les événements (dirigés par lui-même) n’ont pas démenti mon opinion. » Ce joli petit discours