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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

ses langues, son architecture, ses arts, son imagination et ses ruines : et de cette étude si vaste, si variée, entretenue par les voyages et la rêverie, il ne tira qu’un petit nombre de vers, profondément sentis, lentement travaillés, après d’assidues lectures de Pindare et de Sophocle, devant les sites escarpés et sombres des forêts d’Écosse, ou dans les recoins solitaires des Hébrides, ou dans les humbles allées de quelque cimetière de village.

Parti d’abord pour le continent, avec un jeune lord dont il pouvait plus tard redevenir l’ami, mais ne voulait pas être le compagnon inégal, il avait vu la France et l’Italie en amateur passionné des lettres, écrivant la langue des Romains comme un érudit du seizième siècle et avec la pensée mélancolique d’un moderne.

Dans un siècle de scepticisme, il était religieux ; dans un siècle d’orgueil et de bruit, modeste et retiré. Près de Grenoble, il inscrivit sur le livre de la Grande Chartreuse, dans quelques strophes latines d’un mode et d’un tour horaciens, le vœu et comme le soupir d’une âme pieuse pour la retraite.

De retour dans sa patrie, dans la philosophique et opulente Angleterre, à l’époque même où les lettres accréditées y conduisaient au pouvoir, où les hommes d’État étaient de grands orateurs, William Pitt, Fox, Burke, où les lettrés se mêlaient partout aux affaires, Gibbon, Shéridan, Glover, Macpherson, il vécut