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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

motion dans l’abondance négligée des paroles. C’est un hymne à Dieu ; c’est une paraphrase populaire du chant sublime où le Psalmiste appelait tous les objets de la nature à célébrer le Créateur. Rien sans doute ne saurait atteindre à cette voix primitive du prophète hébreu, à ce grand témoignage de l’unité divine proclamée par toutes ces substances matérielles que le monde avait adorées à la place de leur Créateur ; mais la glose vulgaire de cette vérité sublime est belle encore.

Né vers la fin du douzième siècle, dans un village de cette Ombrie dont l’épicurien Horace avait célébré les vertes forêts et les ruisseaux limpides, François d’Assise, mort dès 1226 consumé de la fièvre ardente de l’enthousiasme et de la charité, avait, dans la courte durée de son apostolat, tout employé pour parler au peuple, depuis la poésie jusqu’aux miracles. Parmi les rudes laboureurs et les patres des Apennins, il avait été l’Orphée de ces esprits encore sauvages ; et c’était pour eux qu’un de ses disciples chantait, sur un air simple et puissant comme sa parole, ces strophes à peine distinctes de la prose :

« Très-haut Seigneur ! à vous les louanges ; à vous la gloire et les honneurs ; à vous doivent se reporter toutes les actions de grâces, et nul homme n’est digne de vous nommer. Soyez loué, ô Dieu ! soyez exalté, ô mon Seigneur ! par toutes les créatures et particulièrement par le soleil, votre ouvrage, Seigneur, lui