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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

soleil jaillit une splendeur réfléchie sur les murailles, çà et là mobile, qui fuit au moment d’approcher, et se rapproche à l’instant où elle va fuir.

La nature de Dieu n’est pas changeante, ne se dissipe pas, pour se rassembler ensuite. La consistance immuable est l’attribut de Dieu. La Triade que j’adore n’a qu’une même force, une même pensée, une même gloire, une même puissance. Par là, son unité ne s’écoule jamais, possédant une incomparable grandeur dans l’harmonie de sa divine essence. Voilà ce qu’à mes yeux la Trinité même a dévoilé de splendeurs, derrière les ailes célestes et le voile divin du temple, sous lequel est cachée la souveraine nature de Dieu. S’il y a quelque chose de plus visible pour les chœurs des anges, c’est la Trinité qui le sait. »

Si, dans ce qui touche aux vérités de la religion, l’imagination de saint Grégoire est sévèrement contenue par sa foi, il n’en trouve pas moins dans la philosophie même qui s’attache au christianisme un essor nouveau pour la poésie, une sorte d’élévation métaphysique et rêveuse bien rare dans l’antiquité, et qui tient lieu parfois de l’enthousiasme poétique non moins rare parmi nous. Là, en effet, où le ciel est moins beau, la nature moins riche, la vie moins extérieure et moins libre, la cité moins retentissante de fêtes et de triomphes, l’homme moins jeune, moins ardent, moins passionné de patrie et de gloire, la voix la plus expressive,