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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Les braves naissent des braves et des bons : dans les taureaux et les coursiers se conserve la vertu des pères ; et ce n’est pas l’aigle belliqueuse qui engendre la colombe timide.

Le travail vient ensuite accroître la vigueur native. Une saine culture fortifie les âmes ; quand les mœurs manquent, les mieux nés se déshonorent par des fautes. »

Ce ne sont pas cependant les odes politiques et religieuses d’Horace qui pour nous signalent le poëte que le monde lettré lira toujours. Lui-même[1], se promettant une gloire sans terme, associait la durée de ses chants à celle du culte de Vesta et des processions du pontife montant au Capitole. C’était trop peu dire. Le polythéisme a péri comme l’empire. Le faux enthousiasme dont Horace les avait flattés l’un et l’autre serait devenu bien froid pour l’avenir, sans le charme philosophique mêlé par le poëte à ses flatteries mêmes. Le prestige éternel d’Horace, c’est la peinture attachante de l’homme, et l’instinct poétique dans la vie privée.

Pour éblouir et pour émouvoir, pour plaire à l’imagination, parfois même pour élever et fortifier l’âme, il n’a pas besoin des souvenirs de Delphes et

  1. Usque ego posterâ
    Crescam laude recens, dum Capitolium
    Scandet cum tacità virgine pontifex.

    Horat. l. III, od. 30.