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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

nide ou Pindare avait été celui du roi de Syracuse. Mais cette fois l’éloge était plus difficile, et demandait plus de choix et d’art. Il fallait oublier beaucoup de la vie première d’Auguste ; et ce qu’on pouvait louer dans la suite avait plus d’utilité que d’éclat : c’était le repos dans la servitude. L’esprit merveilleux d’Horace se joua de cet obstacle. Il vit dans Auguste le maître habile et modéré d’un peuple trop corrompu pour être libre ; et il servit de ses louanges ce maître, dont il recevait les bienfaits.

Succédant à l’anarchie de la guerre civile et à la licence cruelle du triumvirat, Octave, parmi ses soins réparateurs, avait compris le culte des dieux. « J’ai, » dit-il lui-même dans le sommaire de sa vie, « rétabli, à titre de consul et par décret du sénat, quatre-vingts temples dans Rome. » Une autre phrase dénombre les temples qu’il fit bâtir, les lieux nouveaux qu’il consacra dans l’enceinte du Capitole et du palais ; et on ne peut douter, à travers les lacunes des Tables d’Ancyre, que le même zèle n’ait réparé bien d’autres anciens monuments religieux de l’Italie, puisqu’on voit Auguste noter dans un autre passage de cette inscription le soin qu’il avait eu, même dans la Grèce et dans l’Asie, de rendre à tous les temples dépouillés pendant la guerre leurs ornements et leurs richesses.

À l’appui de cette piété politique, nous avons encore un témoignage de Tite-Live, parlant de la victoire d’un général romain, Cossus. Il le croit consul, sur la

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