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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

poésie : c’était un des thèmes favoris de l’art grec, aussi familier que le voyage des Argonautes, la vengeance de Médée, ou l’abandon d’Ariane.

La pensée studieuse de Catulle devait en être tentée. C’était, pour la rudesse romaine, une moisson à cueillir dans les champs fleuris de la Grèce. Catulle s’inquiète peu de l’ordre à mettre dans cette richesse, et du soin qui en lierait les diverses parties : il jette des vers admirables de description ou de passion, comme autant de couleurs dérobées aux maîtres de l’art hellénique.

C’est une étude de grand peintre, plutôt qu’une œuvre originale et librement conçue. Concevrait-on autrement que la fable si poétique d’Ariane n’occupe qu’un coin du tableau, et figure dans le récit comme une légende retracée sur les tapisseries qui paraient la salle de noces des deux époux ? Toutefois, dans cette étude même, le poëte romain a trouvé place pour des accents lyriques ; il s’anime du feu d’Homère, et, par une fiction vraiment grande, il transforme la fête qu’il semble décrire. Il fait de l’épithalame une prophétie d’héroïsme et de gloire. Ce sont les Parques présentes à la fête qui chantent l’hymne conjugal :

« Ô soutien glorieux, qui par tes vertus agrandis et protéges la puissance de l’Épire, père illustre par ton fils, apprends ce que les sœurs du Destin mettent au grand jour pour toi ; entends leur véridique oracle.