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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

d’un jardin, à l’abri des troupeaux, loin du soc de la charrue, caressée par les souffles de l’air, fortifiée par le soleil, nourrie des eaux du ciel, objet d’envie qu’ont souhaité bien des enfants et des jeunes filles ; et puis, s’est-elle fanée sous le doigt léger qui la cueille, nuls enfants, nulles jeunes filles ne l’ont plus souhaitée : telle la vierge, tant qu’elle reste pure, est chérie des siens. A-t-elle perdu la chaste fleur de sa beauté, elle n’est plus aimable aux yeux des adolescents, ni chère aux jeunes filles.

chœur de jeunes hommes.

Telle une vigne qui naît isolée dans une campagne nue, ne s’élève jamais, ne porte jamais de grappes mûres, mais, inclinant sous son propre poids sa tige délicate, touche de sa racine le faîte de ses branches, et n’attire près d’elle nuls laboureurs et nuls troupeaux. La même vigne est-elle unie à l’orme qui la protége, bien des laboureurs, bien des troupeaux s’en approchent ; telle la vierge, tant qu’elle reste seule, vieillit sans culture. Mais, lorsqu’elle a trouvé dans la saison naturelle un lien assorti, elle est plus chère à son époux et plus agréable à sa mère. Pour toi, ne lutte pas contre un tel mari, ô vierge ! Il ne convient pas de repousser celui à qui t’ont donnée le père et la mère auxquels tu dois obéissance. Ne résiste pas à la volonté de tous deux ; avec ta dot, ils ont transmis leurs droits à ton époux. Hymen, ô dieu de l’hymé-