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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

ta tutelle ceux qui excellent entre les hommes, non pas les trafiquants par mer, non pas le porteur de bouclier, non pas même le poëte. Tout cela, comme secondaire, tu l’as volontiers laissé à des dieux inférieurs ; mais tu t’es réservé pour toi les conducteurs des villes, qui ont sous leurs mains le laboureur, le guerrier, le rameur, tous enfin ; car qui n’est pas rangé sous la puissance du souverain ?

Notre voix consacre à Vulcain les forgerons, à Mars les hommes d’armes, à Diane aux bras nus les chasseurs, à Phébus ceux qui savent les secrets de la lyre. Mais de Jupiter relèvent les rois. Car rien de plus divin que les rois, enfants de Jupiter. Aussi toi-même tu leur as départi ta puissance ; tu leur as donné la garde des fortes villes ; et tu résides toi-même sur les hautes citadelles, attentif à ceux qui gouvernent le peuple par d’iniques décrets ou selon la voie droite ; tu leur donnes à tous, par surcroît, la richesse et la prospérité, mais non dans une mesure égale.

L’exemple en est visible par notre souverain. Il s’est au loin étendu ; il voit accompli le soir ce qu’il a projeté au lever du jour ; le soir, les grandes choses ; les moindres, à l’instant où il les conçoit. Les autres n’achèvent même celles-ci que dans une année ; et ils ont besoin de plus d’un an pour les premières. Ô Jupiter, tu as éloigné de ces princes la puissance de faire, et tu as troublé leurs conseils.

Salut cent fois, tout-puissant fils de Saturne, dona-