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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

vation et du temps, les esprits avancèrent, depuis Euclide et depuis Conon divinisant par une flatterie astronomique la chevelure de la reine Bérénice, jusqu’aux grands travaux d’Hipparque et de Ptolémée.

Il n’en fut pas de même pour les arts du goût, bien que cultivés avec non moins de faveur et de zèle. Empreints par leur date et l’état du monde gréco-barbare d’un caractère de curiosité savante et de subtilité, ils gagnaient surtout à se rapprocher et à s’étayer de quelques découvertes de la science. Ils embrassèrent, avec la vue du ciel, des notions plus exactes de la terre ; ils appliquèrent même la poésie aux phénomènes célestes, à la géographie, aux sciences naturelles, à l’art de guérir. Mais ils prétendirent moins heureusement à l’imagination.

Dans Alexandrie cependant, le passage et le marché du monde, au bord de cette Égypte dont les monuments projetaient leur ombre mystérieuse sur les arts transplantés de la Grèce, parmi ces influences du monde oriental aboutissant de toutes parts à la ville nouvelle, entre ces ferments de culte divers qui s’amassaient dans cette cité cosmopolite, il semble que plus d’une inspiration devait s’offrir à la pensée de l’écrivain et du poëte. Nul doute que, dès le temps de Ptolémée, fils de Lagus, trois siècles avant notre ère, déjà l’antique Orient ne se découvrît à l’esprit grec, comme la statue d’Isis se dévoilait aux initiés.