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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Les épisodes, ce sont les souvenirs des aïeux sans cesse rappelés, comme une obligation pour les fils et un titre d’orgueil pour les citoyens. Le poëte lyrique, avec son autorité sainte, dans les fêtes et les jeux sacrés de la Grèce, est le conseiller de la patrie commune, le messager d’alliance entre les villes de même origine, de même noblesse hellénique, entre les métropoles et les colonies devenues indépendantes et souveraines à leur tour. Il va, ou plutôt, il envoie ses vers de Ténédos à Rhodes, de Thèbes à Syracuse et jusqu’au temple de Jupiter Ammon. N’oublions pas ce qu’atteste l’histoire : ces jeux de force, de vaillance et d’agilité, ces quatre grandes écoles d’Olympie, de Delphes, de l’Isthme et de Némée préparaient et inspiraient la race des vainqueurs de l’Asie. Les âmes s’y fortifiaient, non moins que les corps. Au temps où Xercès s’avançait au-delà des Thermopyles, avec son amas d’hommes armés, quelques transfuges d’Arcadie lui sont amenés. On leur demande, autour du roi, ce que font les Grecs. Sur leur réponse, que les Grecs célèbrent les fêtes d’Olympie et regardent des combats d’athlètes et des courses de chevaux, un des seigneurs perses demande quel était le prix disputé dans ces luttes. Les transfuges répondent : « Une couronne d’olivier. » Ce fut alors que, renouvelant le triste pronostic[1] de l’oncle même du roi sur l’entreprise de Xercès, un

  1. Herodot. l. viii, § 26.

13.