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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

formes plus poétiques, cette première résistance sur le seuil de la Grèce étant comme l’exemple toujours présent à la nation[1] :

« Ces hommes, en donnant à leur patrie une gloire ineffaçable, se sont plongés eux-mêmes dans la nuit du trépas ; mais dans la mort ils ne mouraient pas, puisque du séjour d’Adès leur vertu triomphante les ramène au grand jour. »

Ou bien encore : « La terre glorieuse a couvert, ô Léonidas ! ceux qui avec toi sont morts ici, roi de Sparte aux belles fêtes, ayant soutenu l’assaut de flèches innombrables, de coursiers rapides et du peuple Mède[2]. »

Après les Thermopyles, après Sparte, Athènes, Salamine enlève le cœur du poëte. C’est avec le même accent qu’il dit, en l’honneur des Corinthiens : « Ô étranger ! nous habitions autrefois la belle ville de Corinthe ; maintenant l’île d’Ajax, Salamine, nous retient ; et de là, vainqueurs des vaisseaux phéniciens, des Perses et des Mèdes, nous avons préservé le sol sacré de la Grèce[3]. »

Puis encore, et pour mieux expliquer cette présence des Grecs de Corinthe dans l’île de Salamine, c’est-à-dire

  1. Poet. lyr. græc., ed. Bergk., p. 776.
  2. Ib., p. 776.
  3. Ὦ ξένε, εὔϋδρόν ποτ’ ἐναίομεν ἄστυ Κορίνθου,
    νῦν δ’ ἅμμ’ Αἴαντος νᾶσος ἔχει Σαλαμίς·
    ῥεῖα δε Φοινίσσας νῆας καὶ Πέρσας ἑλόντες
    καὶ Μήδους, ἱερὰν Ἑλλάδα ῥυόμεθα.

    Poet. lyr. græc., ed. Bergk., p. 777.