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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

freuse pauvreté : il déshonore sa race ; il dément la noblesse de ses traits. Partout le suivent le découragement et le chagrin. Pour un homme ainsi banni nul souci de lui-même, nulle pudeur sur son nom dans l’avenir.

Combattons de tout cœur pour cette patrie ! mourons pour nos enfants, sans ménager en rien nos vies. Ô jeunes gens ! combattez serrés les uns contre les autres, et ne donnez l’exemple ni de la fuite ni de la peur ; mais faites-vous un cœur grand et invincible, et n’épargnez pas votre vie, quand vous combattez contre des hommes. Vos anciens, les vieillards, dont les genoux ne sont plus agiles, ne les délaissez pas par votre fuite. C’est une honte, en effet, que, tombé au premier rang, un vieillard soit gisant à terre, en avant des jeunes, avec une tête blanchie, une barbe grise, exhalant sur la poussière son âme courageuse, couvrant de ses mains les blessures sanglantes, hideuses, de son corps à nu : mais aux jeunes tout sied bien, tant qu’ils ont la fleur brillante du bel âge. Alors, le guerrier est beau à voir vivant ; il est aimé des femmes ; et il est encore beau tombé au premier rang. Mais que chacun, ayant pris le pas, se tienne affermi sur ses deux jarrets, serrant sa lèvre de ses dents ! »

Une autre de ces exhortations guerrières porte bien avec elle sa marque et son emploi. Le premier vers désigne les Spartiates par le dieu même dont ils se croyaient descendus ; le reste exprime la grandeur du danger et