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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

Par là même, sa vie réelle est peu connue ; et son histoire semble une légende mythologique. Ses poésies, qui sans doute auraient daté et éclairci divers incidents de sa destinée, ont péri pour nous ; et c’est récemment que quelques vers cités par un grammairien sur un papyrus d’Égypte nous ont apporté un second témoignage de son cœur de mère et de sa tendresse pour sa fille.

Avant ces nouveaux détails, il n’y avait sur sa vie que la tradition de Leucade et l’épître romanesque d’Ovide sur cette tradition ancienne, si elle n’est vraie. On ne peut douter qu’il n’y ait eu, dans le plus bel âge de la Grèce, d’autres souvenirs encore de Sapho. Car aucun nom n’était plus mêlé à toutes les œuvres de l’art.

À part deux comédies, sous le titre de Phaon, l’une de Platon le poëte, l’autre d’Antiphane ; à part une comédie, la Leucadienne, par Ménandre, et une pièce d’Antiphane, le Leucadien, on joua dans Athènes six comédies de différents auteurs, portant toutes le titre de Sapho, et pleines d’allusions à sa gloire poétique et aux événements fabuleux ou vrais de sa vie. Ce qui touche à l’histoire de l’art, c’est que, née dans Lesbos, à Mitylène ou dans le bourg d’Érèse, plus tard la patrie de Théophraste, Sapho fut une Athénienne de la côte d’Asie. Orpheline dès l’âge de six ans, elle eut plusieurs frères, dont un, plus jeune qu’elle, est nommé par Hérodote comme un de ces marchands qui allaient