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Sylvie de Moliere.

moment ; mais la neceſſité de mettre quelqu’un dans mes intereſts, fit que je ne voulus pas faire un ſecond meurtre pour me venger des eſperances qu’il conceut peut-eſtre alors à mon deſavantage. Bien loin de celà, je le remerciay de ſa generoſité ; j’eus pour luy honeſtement toutes les complaiſances que je pûs ; & j’oſeray dire qu’une ſemblable rencontre eſtoit la ſeule qui pouvoit jamais m’accoûtumer à ſouffrir une declaration d’amour ſans colere, tant j’en eſtois ennemie mortelle auparavant.

Je demeuray deux jours dans ſon château, n’apprenant aucunes nouvelles de la Ville, que ce qu’il m’en envoyoit dire par ſon Gentil-homme ; & juſques à ce moment, il n’y avoit eu encore aucun danger pour moy : au contraire l’opinion que je fuſſe retombée entre les mains des gens