Page:Villedieu - Mémoires de la vie de Henriette Sylvie de Molière, 1672.pdf/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
Sylvie de Moliere.

qu’il n’y avoit jamais eu de deſolation pareille à celle de la Dame, lors qu’elle vit le ſien couché en terre ſur ſon ſang, & que s’eſtant penchée ſur luy pour le baiſer, il fut preſque impoſſible de l’en ſeparer. La médiſance qui n’épargne pas les plus ſaintes actions, ne put à la verité concevoir cét excés d’amour, & publia que c’eſtoit afin qu’on n’euſt pas ſi toſt le moyen d’étancher ſon ſang, & qu’en ayant perdu beaucoup, il en puſt moins réchaper ; mais quelque perſecution que cette Dame m’ait fait ſouffrir, & quoy que celà ait pû cauſer effectivement la mort à ſon mary je veux luy faire la juſtice de croire qu’elle fit tout de bonne foy.

On enleva ce pauvre bleſſé avec bien de la peine, & on l’emporta dans le plus prochain Village, pour luy mettre le premier appareil : puis on taſcha de luy faire nom-