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La vie de Henriette

faire accroire, en la changeant de main auparavant, qu’on l’auroit depuis guerie à force de bons remedes (Voyez un peu, Madame, par quel chemin la fortune me guidoit aux aventures ?) Cét échange ſe fit aſſez adroitement : Le Financier en uſa le mieux du monde : Je devins par ce moyen la cadette d’un fils qu’il avoit, & le denier conſiderable que le Duc luy donna en méme temps luy inſpira toute la tendreſſe qu’il faloit pour bien contrefaire une amitié paternelle.

Je ne fatiguerois peut-eſtre point Vôtre Altreſſe, en commençant mon hiſtoire par ce qui à pû rendre mon enfance auſſi ſurprenante que le reſte de ma vie. J’avois un petit air galant qui accuſoit quaſi ce Seigneur d’eſtre mon pere ; de l’eſprit, de la vanité, du courage, & une telle diſpoſition à bien prendre l’accent de toutes les langues, que comme le fils de