Page:Villedieu - Mémoires de la vie de Henriette Sylvie de Molière, 1672.pdf/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
Sylvie de Moliere.

celle d’une pauvre femme qui nouriſſoit ſon enfant. Ma mere, qui qu’elle ſoit, n’y fut pas une heure, qu’elle accoucha. On fit nourrir l’enfant de la païſanne par une autre, & on me mit entre ſes mains avec une ſomme d’argent, puis la nuit venuë, on diſparut ; la Païſanne qu’on avoit logée ailleurs pour cette nuit, trouva le lendemain qu’on avoit emporté ma mere à la faveur des tenebres ; ſi on me demande où ? je le ſçay encore moins que le reſte, je voudrois le ſçavoir, plus pour ma ſatisfaction que pour celle des autres ; je devois pourtant nommer celle de Voſtre Alteſſe toute la premiere.

Je fus eſlevée juſques à cinq ans dans ce hameau, ſans eſtre reclamée de perſonne, & environ ce temps-là Monſieur le Duc de Candale s’aviſa de venir chaſſer ſur cette coſte : il entra dans la cabane de ma Nourrice pour s’y met-