celle d’une pauvre femme qui nouriſſoit ſon enfant. Ma mere, qui qu’elle ſoit, n’y fut pas une heure, qu’elle accoucha. On fit nourrir l’enfant de la païſanne par une autre, & on me mit entre ſes mains avec une ſomme d’argent, puis la nuit venuë, on diſparut ; la Païſanne qu’on avoit logée ailleurs pour cette nuit, trouva le lendemain qu’on avoit emporté ma mere à la faveur des tenebres ; ſi on me demande où ? je le ſçay encore moins que le reſte, je voudrois le ſçavoir, plus pour ma ſatisfaction que pour celle des autres ; je devois pourtant nommer celle de Voſtre Alteſſe toute la premiere.
Je fus eſlevée juſques à cinq ans dans ce hameau, ſans eſtre reclamée de perſonne, & environ ce temps-là Monſieur le Duc de Candale s’aviſa de venir chaſſer ſur cette coſte : il entra dans la cabane de ma Nourrice pour s’y met-