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L’ESPRIT PUR.

L’idéal du poëte et des graves penseurs.
J’éprouve sa durée en vingt ans de silence,
Et toujours, d’âge en âge encor, je vois la France
Contempler mes tableaux et leur jeter des fleurs.

X

Jeune postérité d’un vivant qui vous aime !
Mes traits dans vos regards ne sont pas effacés ;
Je peux en ce miroir me connaître moi-même,
Juge toujours nouveau de nos travaux passés !
Flots d’amis renaissants ! Puissent mes destinées
Vous amener à moi, de dix en dix années,
Attentifs à mon œuvre, et pour moi c’est assez !


10 mars 1863.