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JOURNAL D’UN POÈTE

un enfant, porté par sa bonne, à qui sa mère ait souri et dont on ait dit : « Le beau petit garçon ! »



J’ai dans la tête une ligne droite. — Une fois que j’ai lancé sur ce chemin de fer une idée quelconque, elle le suit jusqu’au bout malgré moi. Et pendant que j’agis et parle.


20 mai. — J’ai achevé de corriger moi-même, et moi seul, les épreuves de la première édition de Stello. Cette édition vaudra mieux que le manuscrit que je brûlerai un de ces jours, et que je conserve encore je ne sais pourquoi. En cas peut-être qu’un de mes amis me le demande.


organisation bizarre. — Ma tête, pour concevoir et retenir les idées positives, est forcée de les jeter dans le domaine de l’imagination, et j’ai un tel besoin de créer qu’il me faut dire en allant pas à pas : Si telle science ou telle théorie pratique n’existait pas, comment la formerais-je ? Alors le but, puis l’ensemble, puis les détails m’apparaissent, et je vois et je retiens pour toujours.

Et comment faire autrement pour tomber d’Éloa à la théorie d’infanterie ?