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JOURNAL D’UN POÈTE

pleureur. Mais les vivants sont ainsi. Qui rit toujours, ou toujours pleure ? Je n’en connais pas, pour ma part. En tout cas, comme Henri de Transtamare, le bâtard a roulé par terre le légitime et l’a poignardé.

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DAPHNÉ. — Diviniser la conscience.

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Je ne fais pas un livre, il se fait. Il mûrit et croit dans ma tête comme un fruit. Dittmer vient me voir. Causé de Servitude et Grandeur militaires. Il pense, comme moi, que l’honneur est la conscience exaltée, et que c’est la seule religion vivante aujourd’hui dans les cœurs mâles et sincères. Mon opinion porte ses fruits.

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MINUIT, APRÈS LA LECTURE DE JOCELYN. — J’ai lu, j’ai pleuré, j’aime dans ce livre tout ce qui est hymne — prière ou méditation. Tout cela est beau et grand. L’adoration dans le temple, les rêveries de Jocelyn près de Laurence avant qu’il soit reconnu pour femme, l’admira-