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Et la gloire, et l’étude, et les fleurs du beau temps,
Et ce soleil ami qui revient au printemps.



Les navires penchés volaient sur l’eau dorée
Comme de cygnes blancs une troupe égarée
Qui cherche l’air natal et le lac paternel.
Le spectacle des mers est grand et solennel :
Ce mobile désert, bruyant et monotone,
Attriste la pensée encor plus qu’il n’étonne ;
Et l’homme, entre le Ciel et les ondes jeté,
Se plaint d’être si peu devant l’immensité.
Ce fut surtout alors que cette mer antique
Aux Grecs silencieux apparut magnifique.
La nuit, cachant les bords, ne montrait à leurs yeux
Que les tombeaux épars et les temples des dieux,
Qui brillant tour à tour au sein des îles sombres,
Escortaient les vaisseaux, comme de blanches ombres,
En leur parlant toujours et de la liberté,
Et d’amour, et de gloire, et d’immortalité.