Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et le tocsin hâtif, d’une corde rebelle,
Sonne la liberté du haut de la chapelle ;
On s’assemble, on s’excite, on s’arme, on est armé,
Et des rocs, à ce bruit, l’aigle part alarmé.



« Mais avant de quitter vos antiques murailles
« Il convient de prier l’arbitre des batailles, »
Disaient les Caloyers. « Dieu, qui tient dans ses mains
« Les peuples, pourra seul éclairer nos chemins
« Et si dans ce grand jour sa faveur nous pardonne,
« De Moïse à nos pas rallumer la colonne. »
Ils parlaient, et leur voix, par de sages propos
Dans cette foule émue amena le repos.
L’un s’arrache des bras de son épouse en larmes,
L’autre a quitté les soins du départ et des armes,
Les cris retentissans, le bruit sourd des adieux
S’éteignent et font place au silence pieux ;
Celui de qui les pieds ont déjà fui la rive
Revenu lentement, près de l’autel arrive ;