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Il tenta le passage de vive force à Occhio-Bello, échoua et fut obligé de commencer une retraite qui se changea bientôt en une effroyable déroute, moins encore par le mauvais succès de quelques petits combats que par la débandade de son armée. Abandonné de tout le monde, séparé de la reine sa femme, il fut obligé de s’échapper furtivement sur un petit bâtiment et vint débarquer en France dans ce même golfe de Cannes, où l’Empereur avait pris terre quelques jours auparavant.
La précipitation inconsidérée du Roi de Naples fut, en 1815, plus nuisible encore que l’avait été sa défection en 1814. Rien n’étant prêt en France pour la seconder, la diversion devenait un acte isolé, sans portée, sans influence, sur les événements généraux. Deux mois plus tard, combinée avec les mouvements de l’Empereur, appuyée des forces réunies de l’autre côté des Alpes, elle pouvait avoir une action très directe sur la marche et l’emploi des armées autrichiennes. Au reste, la perte de cette utile diversion fut la conséquence la moins regrettable du désastre du Roi de Naples. Ce qui fut grave, ce qui fit un mal immense, ce fut l’effet moral qui en résulta. Le renversement si facile d’un trône élevé par l’empereur, l’extinction par la force des armes d’un dynastie collatérale à la sienne, furent considérés comme ses adversaires comme l’augure et le prélude du sort qui lui était réservé à lui-même. Au dehors la confiance des puissances coalisées s’en accrut, au dedans les partisans des Bourbons furent dans l’ivresse et n’en furent que plus encouragés dans leur coupable et désastreux système de compter sur les armes de l’étranger pour la réalisation de leurs vœux et de leurs espérances. En