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à être désormais la seule et unique base du droit public des Français. Ce qui détourna l’Empereur de procéder ainsi, ce fut la crainte de paraître faire un désaveu, même indirect, de ses dix années de règne. Dans sa pensée, la puissance impériale, malgré une éclipse momentanée, n’avait cessé de résider en lui dans toute sa plénitude ; il se dépouillait volontairement de quelques-unes de ses prérogatives, par le même sentiment qui avait déterminé son abdication en 1814, par amour pour la France ; mais il n’admettait pas que le 20 mars fût pour lui le commencement d’un règne à nouveau. C’est pour cela qu’il ne voulait pas que l’Acte Additionnel fût une solution de continuité avec le passé. C’étaient là de pures subtilités, du genre de celles qui ont fait de 1814 la dix-neuvième année du règne du Roi ; un esprit aussi ferme et aussi sérieusement pratique que celui de l’Empereur aurait dû s’élever au-dessus d’elles et ne s’occuper que de l’essentiel, qui était de rallier étroitement le pays autour de lui par tous les moyens possibles. Aussi, bien que sanctionné par les suffrages officiels, l’Acte Additionnel produisit-il le plus mauvais effet sur l’opinion, qui ne jugea que la forme sans prendre même la peine d’examiner le fond. Son titre seul excita d’universelles défiances ; on en prit texte pour contester tout caractère sérieux et définitif à cet acte, pour le représenter comme un sacrifice temporaire et illusoire aux idées du moment, pour l’assimiler à ces sénatus-consultes qui, plus d’une fois depuis le 18 Brumaire, avaient modifié les formes et les principes mêmes du gouvernement et qui pouvaient être ultérieurement révoqués, en vertu du même droit, de la même autorité qui les