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résultats sans les acheter par des sacrifices disproportionnés. Tout se fit avec ordre et économie, comme si l’on eût agi à loisir. Les villes populeuses et industrielles, Paris en tête, se transformèrent en vastes ateliers de confection d’objets militaires en tout genre. L’impulsion partait du ministre de la guerre et était donnée par des officiers soigneusement choisis, qui pressaient les travaux, les contrôlaient et en recevaient les produits. On arrivait ainsi à faire plusieurs milliers d’uniformes par jour dans toute la France. Ce n’étaient pas seulement les tailleurs, les cordonniers que l’on mettait à l’œuvre ; on avait fait appel aux ouvriers de toutes les professions pour les besoins de l’armée, pour l’équipement de la cavalerie, pour la construction des équipages militaires, pour la réparation et la fabrication des armes. Les selliers, les carrossiers, les serruriers, les ébénistes étaient chargés des travaux analogues à leur profession ; cette activité toute de circonstance s’accordait avec la politique du gouvernement, puisqu’elle empêchait la population ouvrière de souffrir de l’interruption de ses travaux ordinaires, suspendus ou très ralentis par les inquiétudes du moment.
Pendant que ces ateliers improvisés fonctionnaient si bien et si avantageusement, il n’en était pas tout à fait de même dans les manufactures de l’Etat, non qu’on y manquât de zèle et de bonne volonté, mais parce que les formalités administratives venaient à tout moment entraver les opérations quelquefois les plus urgentes. Un préfet envoyait réparer des fusils pour armer la garde nationale ; au bout de quinze jours, on n’avait pas touché à un seul, parce que la chose ne se présentait pas dans les règles dont l’observation