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et connaissant les localités, furent envoyés en mission dans toutes les directions pour imprimer le mouvement et lever les difficultés qui pouvaient se présenter dans la confusion de ces premiers moments.
La retraite du Roi et des Princes était l’objet d’assez sérieuses préoccupations. Par la route qu’il avait prise, on supposait avec toute probabilité qu’il comptait s’embarquer pour l’Angleterre soit à Boulogne, soit à Calais. On apprit, qu’arrivé à Abbeville, le Roi avait été informé que le vent était contraire et que l’état de la mer rendait l’embarquement sinon impossible, du moins incertain ; qu’alors ce prince avait changé de route et s’était dirigé sur Lille. Ce changement d’itinéraire pouvait devenir la cause d’une grave complication, si le Roi s’établissait dans cet important boulevard de notre frontière du nord et y appelait à son aide les forces étrangères, qui étaient à portée et que son autorité y eût fait entrer. Ces craintes furent dissipées par la conduite aussi ferme que patriotique du duc de Trévise. Ce maréchal était gouverneur de la 16e division militaire et s’y était rendu, par ordre du Roi, après la tentative avortée du comte d’Erlon ; il eut donc à accueillir le monarque fugitif et il sut admirablement concilier les égards pour les infortunes royales avec ses devoirs envers le pays.
Dès le 21 mars, le ministre de la guerre s’était mis en communication avec lui, en profitant du départ de M. Mortier, son frère, pour lui adresser une dépêche dans laquelle il le conjurait chaleureusement, au nom de la patrie, de faire tout pour empêcher les places fortes de tomber au pouvoir de l’étranger. Comme le Maréchal en était sûr à