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L’Empereur alors expliqua au Maréchal qu’il avait, à Vienne, un correspondant placé de manière à puiser ses informations à bonne source, qui lui avait donné connaissance des délibérations les plus secrètes du Congrès. Il en avait reçu l’avis des mesures projetées contre lui à l’instigation des Bourbons, mesures arrêtées en principe et pour lesquelles il ne restait plus qu’à s’entendre définitivement sur les moyens d’exécution et sur le lieu de sa captivité. Il avait compris que ce serait faire une folie et sacrifier sans objet la poignée de braves gens qui l’avaient suivi à l’île d’Elbe, que d’y attendre l’ennemi. Il s’était donc résolu à le prévenir, encouragé dans cette pensée par les rapports qui étaient arrivés de divers points de la France sur l’état de l’esprit public par suite des fautes du gouvernement royal et des provocations insensées de ses principaux adhérents, les nobles et les prêtres. Une circonstance fortuite avait hâté l’exécution des plans de l’Empereur : il avait remarqué que le « Journal des Débats » devait avoir aussi à Vienne un correspondant bien informé, car très souvent il y avait lu des nouvelles dont la publicité anticipée s’accordait parfaitement avec ses propres renseignements. Or, ce journal avait annoncé d’une manière positive que le Congrès serait clos et les souverains repartis pour leurs capitales dans les derniers jours de février. L’Empereur avait jugé devoir profiter de l’occasion pour que son retour en France fût opéré pendant la dispersion et le voyage des souverains, et fût un fait consommé avant même qu’ils eussent eu le temps de se réunir à nouveau. Ce faux renseignement, en précipitant son départ de l’île d’Elbe, a eu l’influence la plus directe sur les événements.