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suites honteuses d’une aussi éclatante injustice, alloient solliciter les suffrages accusateurs des juges de son rival. Condamnez Moreau, leur disoient ces flatteurs impudents de l’iniquité ; prononcez la sentence de mort ; Napoléon lui fera grâce. Eh ! qui nous fera grâce à nous-mêmes ? répondit le vertueux Clavier avec l’accent d’une juste indignation. Cette parole sublime causa la disgrâce de celui qui l’avoit prononcée ; il fut rayé du tableau des juges par une de ces mesures générales dont tous les partis et tous les pouvoirs se sont servis pour déguiser leurs vengeances particulières ; et qui déconsidèrent la magistrature aux yeux du peuple, en le faisant douter de l’impartialité des magistrats que n’atteignent point ces épurations. Clavier se retira sans se plaindre : on est bien fort contre une injustice, quand on est glorieux de l’avoir méritée. Il se réfugia dans le sein des lettres qui faisoient les délices de sa vie, et qui lui avoient déjà ouvert les portes de l’institut. La France le comptoit au rang de ses hellénistes les plus célèbres. Elle doit à ses travaux les traductions de Pausanias et d’Apollodore, de nombreux mémoires sur l’anti-