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Contre des nations qui ne le savoient guères ;
J’aurois damné tous les sectaires
Qui n’auroient ni pensé ni prié comme moi.
J’aurois humé l’encens et reçu des hommages
En récitant les vers de Salomon ;
Les sifflets et le feuilleton
Me font trembler pour mes propres ouvrages
J’ai lu, plus par devoir que par amusement,
L’ordonnance et le règlement ;
Je lirois le missel et dirois mon office.
J’aurois fait des processions,
Des neuvaines, des missions ;
J’ai fait la ronde et l’exercice.
J’aurois brigué des mitres, des rochets,
Des évêchés, des abbayes ;
Je brigue des académies,
Et joue avec d’autres hochets.
C’est ainsi que de nous la fortune dispose ;
Mais chaque état a ses ennuis ;
Et malgré qu’ici-bas je sois fort peu de chose,
J’aime encor mieux ce que je suis.


C’est assez vous parler de moi, madame je retourne au milieu des tombeaux, et reprends mes fonctions de promeneur. Mais je n’ai plus de fastueux cénotaphes à vous dépeindre. Il n’est presque plus de variété ni de distinction dans les sépultures dont il me