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d’un moine, et fléchit les genoux devant ce rebut de l’espèce humaine, souleva contre le défenseur des libertés épiscopales toutes les fureurs de l’Inquisition. Les sbires de ce tribunal étoient déjà sur les traces d’Urquijo ; et ses cachots, teints du sang de tant d’innocentes victimes, souvroient déjà pour engloutir leur victime nouvelle. La sagesse du roi Charles IV osa venir à son secours. Le ministère fut l’honorable refuge de ce philosophe. Les inquisiteurs en pâlirent, et la glorieuse vengeance de leur ennemi ne tarda point à justifier leurs alarmes. Le trône du grand-inquisiteur alloit être sapé ; les biens immenses de ce tribunal sanguinaire alloient grossir les trésors de l’état, et servir à des établissements de bienfaisance qui en auroient épuré la source honteuse. Le monarque était prêt à signer ce décret solennel, à venger l’Espagne et la chrétienté de la plus épouvantable des tyrannies. Mais sa conscience, effrayée par les criminelles insinuations du fanatisme, recula tout-à-coup devant cet acte de justice et d’humanité ; les ressorts de l’intrigue monacale avoient joué dans l’ombre ; le