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L’intérêt et l’orgueil l’entraînent malgré lui
Dans les mêmes défauts qu’il reprend en autrui.
Et qu’on me damne ou bien qu’on me couronne,
Mes vers n’ont perverti ni corrigé personne.
Le monde jusqu’au bout aura des Trissotins,
Des Tartufes sur-tout, et de plus d’une espèce,
Des jaloux maladroits, de méchants médecins,
Des vieillards grippe-sous, de jeunes libertins,
Des sots infatués de leur pauvre noblesse,
Des bourgeois vaniteux courant les parchemins.
Les derniers de nos fils feront comme nos pères.
On réforme les mœurs, mais non les caractères ;
Et les disciples d’Harpagon,
Les coquettes et les pédantes,
Les tartufes, les sots, les vieilles médisantes,
Ne feront que changer d’habit et de jargon.
Mais on en rit du moins ; c’est toujours quelque chose
C’est autant de gagné sur l’ennui que nous cause
L’impertinence des humains.
Nul ne se reconnoît aux portraits que j’expose ;
Et chacun rit de ses voisins.
— Et l’on rira long-temps, car tu m’as fait bien rire
Avec ton Sganarelle, et ton vieux Pourceaugnac,
Et ton Géronte dans un sac,
Et-ton Mamamouchi. — Que diable vas-tu dire ?
Interrompoit Molière en riant aux éclats :
Si Boileau t’écoutoit, tu n’échapperois pas
Aux traits mordants de la satire.