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puis trente ans un tel abus de mots, que les dénominations les plus honorables sont devenues dans la langue des passions les épithètes les plus injurieuses. Après avoir flétri la modération, il ne leur manquoit plus que de flétrir le libéralisme. Seroit-il désormais impossible de s’entendre sur les expressions les plus simples ?


Qu’est-ce qu’un libéral ? un homme juste et sage,
Dont l’ordre et le repos sont les vœux les plus chers,
Dont le cœur généreux, abhorrant le carnage,
Voudroit de ses fléaux affranchir l’univers.
Ami de la justice, il punit qui l’outrage ;
Et le trône, et la liberté,
La patrie et la vérité,
Se confondent dans son hommage.
D’un regard indulgent il voit tous les humains.
Des lois de son pays observateur sévère,
A l’égal des tyrans il hait les assassins ;
Et Tibère et Louvel, Charles neuf et Damiens
Ont une part égale à sa noble colère.


Demandez cependant à un homme de cour ce que c’est qu’un libéral ? il vous répondra sans hésiter : C’est un jacobin ; et Cicéron lui-