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son maître, et força les portes de sa capitale.

C’est du sommet de la colline, où j’ai trouvé tant de souvenirs de douleur et de gloire, que le royal enfant, qui devoit être Louis XIV, contempla cette bataille célèbre, où Turenne et Condé luttèrent de valeur et de génie, et mesurèrent leurs fortunes. C’est là que l’audacieux Mazarin osa placer son jeune roi pour lui donner le spectacle de la guerre civile dont ce ministre étoit la cause ; c’est là que l’insolent orgueil de cet étranger vint jouir du sanglant désordre qu’il avoit apporté dans le royaume. Ce n’étoit pas assez d’une disgrâce de quelques jours pour l’en punir ; c’est son supplice même qu’il falloit donner en spectacle sur la plaine où les François venoient de s’égorger pour lui.


Qu’un opprobre éternel pèse sur les tombeaux
De tous ces artisans de troubles politiques,
Qui, sur les foyers domestiques,
De l’affreuse discorde agitent les flambeaux.
Trop long-temps a régné cette aveugle furie.
Nous vîmes trop long-temps, ainsi que nos aïeux,
Ces jours de sang, de deuil, ces combats odieux,
Où, déchirant le sein de la patrie,