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Viendra dans ces déserts consommer la ruine
De ces intrépides vainqueurs ;
Quand, cédant au sommeil dont le poids les assiège,
Les hommes, les coursiers, l’un sur l’autre entassés.
N’offriront à ses yeux que des spectres glacés,
Des cadavres couverts de neige ;
Ils le verront garder son intrépidité,
Des soldats stupéfaits ranimer le courage,
À ces fléaux cruels opposer sa fierté,
Dans les rangs ennemis reporter le carnage ;
Et, sur leurs corps sanglants se frayant un passage,
Arracher la victoire au Russe épouvanté.


Comme Bayard, il fut alors surnommé le brave des braves. Séparé du gros de l’armée, égaré dans les plaines où la neige avoit effacé tous les vestiges, entouré par quarante mille Moscovites, n’ayant que quatre mille François pour combattre, sommé par Kutusow de déposer les armes, il répondit à l’émissaire de Kutusow qu’on ne prenoit point aussi facilement un maréchal de Fiance. Il força le passage du Boristhène, et rejoignit l’armée françoise à travers les bataillons qui pensoient l’anéantir. Bientôt se présente cet autre fleuve qui auroit dû être le tombeau de Napoléon et de son armée. La seule voie de