Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

imagination pour des vérités incontestables. Il en viendra même après eux ; et ils passeront à leur tour comme les illusions dont ils auront fatigué leur fragile existence. Heureux que le sentiment ou le dépit de leur impuissance ne les conduise point à l’abjuration de l’Être suprême dont ils n’auront pu concevoir ni l’ouvrage ni la nature, à la répudiation de cette ame, qui est pour elle-même un mystère incompréhensible ! Non, madame, non, je ne puis croire à ce néant terrible que veulent m’imposer les disciples de l’athéisme. Non, les sépulcres qui m’environnent n’ont pas dévoré ce qui animoit les ossements qu’ils renferment. Ce sentiment, cette intelligence, cette ame invisible, ce moi inexplicable n’est pas un rêve de notre orgueil, une erreur de notre imagination. Non, l’immortalité des grands hommes n’est pas seulement dans le souvenir des hommes qui leur survivent. Ce qui fut dans la croyance de tous les peuples, ce que la nature a révélé aux hommes de tous les temps et de tous les lieux ne peut être une chimère. Le néant seul est un mensonge, et un mensonge hideux, désespérant, épou-