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LAZARILLE

d’autres : « C’est bien fait pour lui, puisqu’il porte un faux témoignage. » Finalement, quelques-uns, non sans grande frayeur, à mon avis, s’approchèrent et le saisirent par les bras, dont il donnait à la ronde de fortes gourmades ; d’autres le prirent par les jambes, les empoignant solidement, car on n’eût trouvé au monde mule vicieuse qui lançât de si violentes ruades. Et, à plus de quinze ensemble, le maintinrent ainsi un long temps, l’alguazil leur distribuant à tous des coups à pleines mains et frappant sur le museau de ceux qui se relâchaient.

Pendant que ceci se passait, le seigneur mon maître était agenouillé dans sa chaire, les mains et les yeux tendus vers le ciel, et comme transporté en la divine essence ; en sorte que ni les