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LAZARILLE

senter la bulle, premièrement il offrait aux prêtres ou curés quelques menues choses, qui n’avaient non plus grande valeur ni substance, une laitue murcienne, si c’était la saison, une couple de limons ou d’oranges, une alberge, quelques pêches, ou à chacun une poire bergamote. De cette manière il tâchait de se les rendre propices, afin qu’ils lui témoignassent leur reconnaissance en favorisant son négoce et en exhortant leurs ouailles à prendre la bulle. Il s’informait de l’instruction des prêtres, et, s’il apprenait qu’ils sussent le latin, il n’en soufflait un traître mot pour ne point broncher, mais usait d’un gentil et bien troussé castillan et d’un langage fort libre ; si, au contraire, on lui rapportait que lesdits prêtres étaient de ces révérends qui sont plutôt ordonnés pour leur argent que pour leurs lettres