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DE TORMÈS

coton, qui faisaient des bonnets et habitaient auprès de nous, avec lesquelles j’avais lié voisinage et connaissance. De la misère qu’on leur portait, elles me donnaient quelque petite chose, de laquelle, presque trépassé, je me passais ; et toutefois je n’avais pas tant de pitié de moi que de mon infortuné maître, qui, en huit jours, ne mangea pas un seul morceau ; au moins à la maison nous demeurâmes sans manger : lui, où allait-il, que mangeait-il ? je ne sais. Néanmoins vous l’eussiez vu, sur le midi, descendre la rue, le corps raidi, plus long qu’un lévrier de bonne race, et, pour soutenir la