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» — Il n’y a pas de mal, répondit Riboulet.

» — Vous-savez, une politesse en vaut une autre.

» — Oh ! il ne faudra pas me l’entonner.

» — Eh oui, buvons ! qui payera ? ça sera les pantres.

» — Tu l’as dit, mon homme, dessalons-nous. »

Nous nous dessalâmes si bien, que vers les dix heures du soir tout ce qu’il y avait de sympathique entre nous se manifestait déjà par des protestations à perte de vue, et par des explosions de cette tendresse avinée, qui met en dehors toutes les infirmités du cœur humain.

Quand fut venu l’instant de se retirer, nos nouvelles connaissances, et surtout leurs femmes, étaient dans une complète ivresse ; Riboulet et sa maîtresse n’étaient que gais : ainsi que moi, ils avaient conservé leur tête ; mais pour paraître à l’unisson, nous affections d’être hors d’état de pouvoir marcher : formés en bande, parce que de la sorte les coups de vent sont moins à craindre, nous nous éloignâmes du théâtre de nos plaisirs.

Alors, afin de neutraliser par la puissance d’un refrain les dispositions chancelantes de notre bataillon, Riboulet, d’une voix dont les