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concilier avec l’amour de l’oisiveté. Un soir passant dans la rue du Bac, devant la boutique d’un changeur, il brise un carreau, enlève une sébile pleine d’or et se sauve. Au même instant on entend crier au voleur ! , et l’on se met à sa poursuite. À ces mots, arrêtez, arrêtez, officieusement répétés de loin en loin, Desplanques redouble de vitesse, bientôt il sera hors d’atteinte ; mais au détour d’une rue, il se jette dans les bras de deux agents, ses anciens camarades : la rencontre était fatale. Il veut s’échapper, inutiles efforts ; les agents l’entraînent et le conduisent chez le commissaire, où le flagrant délit est aussitôt constaté. Desplanques était en état de récidive : on le condamna aux travaux forcés à perpétuité ; il est aujourd’hui à Toulon, où il subit sa peine.

Des gens qui veulent juger de tout sans avoir été à même de s’éclairer par les faits, ont prétendu que des agents sortis de la caste des voleurs, devaient nécessairement entretenir avec eux des intelligences, ou du moins les ménager aussi longtemps qu’ils étaient assez adroits pour ne pas venir se brûler à la chandelle. Je puis attester que les voleurs n’ont pas de plus cruels ennemis que les libérés qui se sont ralliés