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attendent depuis long-temps ; et ma foi ! quelque précaution que l’on prenne, je ne réponds pas de vous. » Je remerciai ce chef de l’intérêt qu’il me témoignait, mais en même temps j’insistai pour qu’il m’accordât l’objet de ma demande, et il se décida enfin à me donner l’ordre qu’il m’importait d’obtenir.

Le jour fixé pour le ferrement, je me transporte à Bicêtre, avec quelques-uns de mes agents. J’entre dans la cour, soudain des hurlements affreux se font entendre, des cris : à bas les mouchards ! à bas le brigand ! à bas Vidocq ! partent de toutes les croisées où les prisonniers, montés sur les épaules les uns des autres et la face collée contre les barreaux, sont rassemblés en groupe. Je fais quelques pas, les vociférations redoublent ; de toutes parts l’air retentit d’invectives et de menaces de mort, proférées avec l’accent de la fureur : c’était un spectacle vraiment infernal que celui de ces visages de cannibales, sur lesquels se manifestaient par d’horribles contractions la soif du sang et le désir de la vengeance. Il se faisait dans toute la maison un vacarme épouvantable ; je ne pus une défendre · d’une impression de terreur, je me reprochais mon imprudence, et peu s’en fallut que je ne