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Je ne fus pas plutôt l’agent principal de la police de sûreté, que, jaloux de remplir convenablement la tâche qui m’était confiée, je m’occupai sérieusement d’acquérir toutes les notions dont je pensais avoir besoin pour mon état. Il me parut utile de classer dans ma mémoire, autant que possible, les signalements de tous les individus qui avaient été repris de justice. J’étais ainsi plus apte à les reconnaître, si jamais ils venaient à s’évader, et à l’expiration de leur peine, il me devenait plus facile d’exercer à leur égard la surveillance qui m’était prescrite. Je sollicitai donc de M. Henry l’autorisation de me rendre à Bicêtre avec mes auxiliaires, afin d’examiner pendant l’opération du ferrement, et les condamnés de Paris et ceux de province, qui d’ordinaire venaient prendre le collier avec eux. M. Henry me fit de nombreuses observations pour me détourner d’une démarche dont les avantages ne lui semblaient pas aussi bien démontrés que l’imminence du danger auquel j’allais m’exposer.

« Je suis informé, me dit-il, que les détenus ont comploté de vous faire un mauvais parti. Si vous vous présentez au départ de la chaîne, vous leur offrez une occasion qu’ils