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âpre aussi le frottement, du côté où notre organisme national naissant rencontrait la contiguïté du germanisme commercial et maritime !

Principal marché de l’Europe, but de voies de commerce traversant, par la vallée du Rhône et la Champagne, notre territoire, la Flandre était plus qu’une voisine : ses relations s’enchevêtraient étroitement avec nos intérêts ; sa vie puissante était chez nous un exemple, une tentation et un stimulant de vie urbaine. Et quant à la vieille Angleterre historique, tournée vers ses Cinq-Ports, sa Tamise et son bassin de Londres, elle était bien plus proche de nous, bien plus engagée dans nos affaires que l’Allemagne danubienne et même rhénane. Cette Angleterre-là n’avait guère d’autre voisin que la France, d’autre expansion possible qu’à nos dépens ; elle ne trouvait que chez nous le levier pour agir en dehors de son île. L’étranger pour nous fut d’abord le Normand, l’homme du Nord ; puis l’Anglais. Tour à tour ou à la fois suivant les temps, la Flandre, Calais, le Ponthieu, la Normandie, la Bretagne, le Poitou et la Guyenne, furent des champs clos où piétina une ardente rivalité. L’histoire offre peu d’exemples d’un tel corps-à-corps.