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Maxence, s’élève jusqu’à 220 mètres au-dessus des futaies de la forêt d’Halatte, apparaît un fragment de ce calcaire. Sur les sommets de l’Hautie, on le retrouve, surmontant les sables, par 168 mètres. Au Sud de la Seine, sur les plateaux découpés par la petite rivière d’Orge, le niveau où il existe est déjà abaissé entre 160 et 150 mètres. Mais jusqu’à Dourdan et à Etampes, il ne se montre que dans les intervalles que festonnent des lisières de forêts croissant sur des sables. C’est seulement au Sud Étampes qu’il prend entière possession de la surface ; et désormais son niveau ne dépasse plus guère 140 mètres. En ces différences d’altitude s’exprime un fait important dans l’histoire géologique du Bassin parisien. Les calcaires lacustres ont subi, postérieurement à leur dépôt, un mouvement d’inclinaison rapide vers le Sud-Ouest. Au Nord de la Seine, ils ont été presque totalement emportés par les courants ; au Sud du fleuve, ils subsistent par lambeaux plus étendus ; ce n’est qu’à une distance de 50 kilomètres au delà qu’ils règnent sans partage à la surface du sol, et que le Hurepoix fait place à la Beauce.


I HUREPOIX

On a pris l’habitude de désigner sous le nom de Hurepoix le pays qui résulte de cet enchevêtrement de plateaux calcaires et de vallées sablonneuses. Les plateaux n’ont point encore la sécheresse que leur extrême perméabilité leur communique dans la Beauce : des argiles meulières, dues à une transformation siliceuse à laquelle le voisinage des sables n’est pas étranger, entretiennent de l’humidité et même quelques étangs à la surface. Quoique l’affinité soit réelle et sensible avec la Beauce[1], les fermes sont moins espacées, et partout des pommiers moutonnent dans les champs. On n’a jamais d’ailleurs à aller bien loin sur ces surfaces agricoles, sans voir quelque lisière de bois au-dessous de laquelle, en forme de cirque, s’ouvre le commencement d’une vallée, qui se rétrécit bientôt et s’enfonce entre des grès et des sables, des pins, des bruyères et des bouleaux.

Ces sables, restes de la dernière transgression marine qui a fait irruption dans le centre du Bassin parisien, appartiennent à une longue zone qui, de Nemours et Fontainebleau, se déroule en diagonale jusqu’au delà de Rambouillet et Montfort-l’Amaury. Partout ils se manifestent par les mêmes traits de physionomie : tantôt ce sont des bosses de grès qui, comme à Nemours ou à Milly, hérissent les talus aux approches de la grande forêt ; ou c’est la forêt elle-même avec son dédale d’éboulis et de creux, ses maquis de genévriers et de fougères, ce sol léger et brûlant d’où s’exhale une senteur capiteuse d’aiguilles de pins. Tantôt, comme vers Lardy et Bouron, le grès

  1. Cette affinité semble avoir ^té saisie dans la nomenclature usuelle. On trouve, par exemple, le nom de Haute-Beauce au-dessus de Dampierre ; la Petite-Beauce au Sud de Saint-Chéron (Carte au 80000e, Feuille de Melun).