Page:Vidal de la Blache - Tableau de la geographie de la France, 1908.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE TROISIÈME


LES FLANDRES


I. TRANSITION VERS LES PLAINES BASSES. || II. LE DÉTROIT DU PAS DE CALAIS. || III. BASSIN DES FLANDRES. || IV. SOL DES FLANDRES. || V. RELIEF DES FLANDRES. || VI. DIVISIONS NATURELLES. || VII. L'EAU DANS LES FLANDRES. || VIII. FORMATION POLITIQUE DE LA FLANDRE. || IX. LA VIE URBAINE.


I. TRANSITION VERS LES PLAINES BASSES.

L’ARDENNE s’efface vers l’Ouest. La sombre ligne boisée plonge, au delà d’Hirson, sous la nappe limoneuse. On ne voit plus que çà et là pointer quelques rocs, d’apparence désormais exotique, dans les plaines. Le pays que domine Avesne, de sa grosse tour, est encore une transition, comme un prolongement atténué de l’Ardenne. Le relief légèrement accidenté, le sol froid d’aguaize, issu de la décomposition du sous-sol argileux, mais peu à peu confiné dans les vallées, enfin la population par son type et ses allures, tiennent encore de la physionomie ardennaise. Mais au delà de la Sambre la contrée s’incline d’une pente insensible ; et désormais, jusqu’à la mer, l’œil n’aura plus à s’arrêter que sur de rares monticules sableux entre les plaines basses qui s’étalent.


II LE DÉTROIT DU PAS DE CALAIS

Le continent primaire semblerait avoir définitivement disparu. Il s’est enfoncé en effet, et entre Valenciennes et Béthune c’est parfois à plusieurs centaines de mètres de profondeur qu’il faut chercher les veines de houille sous les marnes et conglomérats crayeux qui les recouvrent. Mais les mouvements qui se sont produits au début de l’époque tertiaire ont ramené en partie le massif primaire au voisinage de la surface. Le long d’une ligne qui va de l’Artois au Boulonnais et au Weald britannique, des failles, des ondulations souterraines, des pointements isolés révèlent l’existence d’un grand accident. Il s’est formé un axe anticlinal, bien marqué dans la topographie par une série de bombements, qui se prolonge de l’Artois au Hampshire, des deux côtés du Pas de Calais. Le détroit n’existait pas pendant cette période : c’est bien postérieurement qu’il s’est ouvert, et que