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TIMON DE PHLIONTE.

CHAPITRE IV.

TIMON DE PHLIONTE.


Pyrrhon eut plusieurs disciples. Timon est le plus célèbre de tous : les autres étaient Euryloque, Philon d’Athènes, Hécatée d’Abdère, Nausiphanes de Téos. Diogène[1] cite en outre parmi ses familiers (συνήθεις) Numénius. Mais, en supposant que Numénius eût été un pyrrhonien, comme il est nommé avec Ænésidème, il est impossible de savoir si ce philosophe était un contemporain de Pyrrhon, ou s’il n’a vécu que longtemps après lui[2].

S’il est permis de hasarder une conjecture au sujet de ces obscurs philosophes, il nous semble qu’ils étaient moins les disciples, au sens précis du mot, que les admirateurs de Pyrrhon, ses familiers ou ses imitateurs. Si en effet Pyrrhon, ainsi que nous avons essayé de l’établir, n’avait que fort peu de doctrine, comment aurait-il fait école ? On comprend, au contraire, que quelques-uns de ses contemporains, vivement frappés de sa manière de comprendre la vie, l’aient pris pour modèle, et aient essayé de continuer, non son enseignement, mais ses exemples.

Cette interprétation est confirmée expressément, pour deux

  1. IX, 103. Sur ce passage, voir ci-dessous p. 89.
  2. Suidas (Θεόδωρος) cite encore parmi ceux qui ont entendu Pyrrhon, Théodore l’athée. Il n’y a là rien d’impossible, et on a pu même (Tennemann, Histoire de la philosophie, t. I, trad. Cousin) attribuer à Théodore les formules très voisines du pyrrhonisme, employées par les cyrénaïques. Cic., Ac., II, xxvi, 142 : « Præter permotiones intimas nihil putant esse judicci. » Cf. Plut., Adv. Colot., 24, 2 ; Sext., M., VII, 191.) Il semble toutefois plus probable que ces formules étaient plus anciennes et remontaient à Aristippe lui-même. Voir Zeller, op. cit., t. II, p. 302, 3e Aufl., et ci-dessus p. 28.