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CHAPITRE XXI.

Quatrième voyage en Angleterre et en Hollande.— Retour à Paris, où les circonstances nous obligent à nous fixer.



1791.Nous partîmes donc à la fin d’avril 1791, et comme nous voulions rester long-temps en Angleterre, nous emmenâmes nos chevaux, et donnâmes congé à notre maison de Paris. Il fallut peu de jours pour arriver en Angleterre. Le pays plut beaucoup à mon amie sous plusieurs rapports, beaucoup moins sous certains autres. Un peu vieilli dans mon admiration par les deux premiers séjours que j’y avais faits, je l’admirai encore, mais un peu moins, à cause des effets moraux de son gouvernement ; mais ce qui m’en déplut profondément, plus encore qu’à mon troisième voyage, ce fut le climat et la vie corrompue que l’on y mène. Toujours à table, veiller jusqu’à deux ou trois heures du matin, il n’y a pas de vie dont s’arrangent moins les lettres, l’esprit et la santé. Dès que les objets cessèrent d’avoir aux yeux de mon amie le charme de la nouveauté, et que j’y ressentis moi-même les accès capricieux de cette goutte qui est un fruit indigène de cette bienheureuse île, nous nous lassâmes bientôt d’y vivre. Au mois de juin de cette même année eut lieu la célèbre fuite du roi de France, qui, repris à Varennes comme chacun sait, fut ramené à Paris, pour y être moins libre que jamais. Cet événement assombrit de plus