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il fut sûr qu’elles étaient bien en route, il prit le galop pour aller l’apprendre aux Vendéens ; il rencontra à une lieue les premiers cavaliers, qui d’abord le reçurent mal et ne voulurent pas le croire, son habit de gendarme étant une mauvaise recommandation. Il survint un officier paysan qui prit un peu plus de confiance en lui ; à la proposition d’aller, avec une trentaine de cavaliers d’avant-garde, abattre l’arbre de la liberté planté dans la ville : « Oui, répondit le paysan, à condition que tu marcheras à la tête ; si on trouve du monde dans Bressuire, ou si tu recules, je te brûle la cervelle. — J’y consens, cria M. de Beauvollier, car je ne suis ni traître ni poltron. » Effectivement, ils arrivèrent dans la ville et trouvèrent qu’il avait dit la vérité.

Les cavaliers, qui vinrent à Clisson avec ces messieurs, n’avaient pas un air bien militaire ; ils avaient des chevaux de toutes tailles et de toutes couleurs ; la plupart avaient des sabots au lieu de bottes, des habits de toutes les façons ; des pistolets à la ceinture, des sabres et des fusils attachés avec des cordes.

[Les Vendéens n’avaient aucune cocarde militaire ; beaucoup mettaient à leur chapeau des morceaux d’étoffe blanche ou verte, d’autres du papier, des feuilles, et plusieurs rien du tout ; mais tous les paysans avaient par dévotion, et sans que personne en eût donné l’ordre, un sacré-cœur cousu à leur habit, et un chapelet passé dans la boutonnière. Nos soldats ne portaient ni giberne ni havresac, ni effets, quoiqu’ils en prissent en quantité aux républicains ; ils trouvaient cela incommode, ils préféraient mettre leurs cartouches dans leurs poches ou dans un mouchoir roulé en ceinture, suivant l’usage du pays. À la queue de leurs chevaux, ils attachèrent des épaulettes et des cocardes nationales. L’armée eut une trentaine de tambours, mais pas de trompettes.]

On reconnaissait mieux les Vendéens à la bigarrure de leur habillement qu’à tout autre signe ; les officiers n’avaient